L’intelligence collective c’est réussir à avancer grâce à la collaboration et à la cohésion. Cela demande des qualités d’ÊTRE, souvent non conscientisées, encore moins exploitées…
L’allégorie des longues cuillères*
« Un rabbin discutait avec le seigneur du Paradis et de l’Enfer. « Je vais vous montrer l’Enfer » dit le Seigneur. Il entraîna le rabbin dans une pièce où se trouvait une grande table ronde. Autour, des gens étaient affamés et désespérés. Au milieu de la table trônait un énorme plat en sauce qui semblait si délicieusement bon que le rabbin en saliva. Chaque personne tenait une cuillère à très long manche. Si les longues cuillères atteignaient le plat, leurs manches étaient plus longs que les bras des convives ce qui les empêchait de porter la nourriture à leurs lèvres. Personne ne pouvait manger. Le rabbin vit bien que ces gens souffraient terriblement.
« Maintenant, je vais vous montrer le Paradis » dit le Seigneur. Ils entrèrent dans une autre pièce exactement semblable à la première : même table ronde, même plat de victuailles et comme précédemment, les convives étaient munis de cuillères à trop long manche mais là tout le monde était bien nourri, grassouillet, joyeux et bavard. Le rabbin ne comprenait pas. « C’est très simple mais ça demande certaines qualités, expliqua le Seigneur. Dans cette pièce, vous voyez ils ont appris à se nourrir les uns, les autres ».
L’ATTENTION À …
Imaginons que cette fable se déroule sur notre lieu de travail autour de la grande table ovale de la salle de réunion où se réunissent les salariés. Ceux qui ne sont pas dans notre champ de vision, c’est-à-dire positionnés à notre droite et à notre gauche peuvent échapper à notre vigilance.
Nous ne les voyons pas, ou ne les entendons pas car ils sont trop loin de nous. Pour certains, nous ne connaissons ni leur visage, ni leur nom. Parfois, nous ne recevons d’eux que des chiffres ou des résultats par courrier électronique. Se dit-on : « De quoi ont-ils besoin, est ce que d’autres veillent sur eux, se sentent ils en confiance, écoutés, considérés ? ».
Dans un groupe humain, certains seront pourtant attentifs à développer une bonne ambiance avec les autres en cultivant la relation, la coopération et la prise en compte des besoins d’autrui. Dans ce contexte, chacun participera au bon fonctionnement du collectif.
DU « MAL ÊTRE » AU « J’AI DU MAL À ÊTRE »
Effectivement, comme le rappelle la fable, certaines qualités d’être sont requises pour ce « bien vivre ensemble », en interaction, au sein d’une structure ou d’un système. Or, nous vivons une période de transition chaotique entre deux systèmes. D’une part, nous assistons aux dernières années d’un système pyramidal, en silos, qui se craquèle et mue vers une organisation agile, en réseaux, en perpétuel mouvement. L’entreprise demande à ses salariés des qualités d’ÊTRE en plus des compétences métiers apprises au cours des études et des expériences professionnelles.
En effet, des générations entières, depuis l’enfance, ont surtout appris à FAIRE. Dès l’école, les plus de 30 ans ont appris par la discipline et l’éducation à faire ce que la société attendait d’eux, de façon disciplinée, normée, hiérarchique.
Nous n’avons pas appris à ÊTRE !
Et nous souffrons de ces doubles injonctions, parfois même contradictoires, dans l’entreprise : SACHEZ travailler avec les autres, PRENEZ des initiatives ET des décisions et surtout SOYEZ AUTONOME alors que nous sommes assignés depuis longtemps au FAIRE dans un système toujours pyramidale. D’où un formidable inconfort, de nouvelles maladies professionnelles (Burn out, harcèlement, Brown out), de la violence et du MAL ÊTRE
MISSIONS DE COACHS
Prendre conscience de nos qualités d’ÊTRE, c’est aller plus loin dans la connaissance de soi, de notre potentiel, celui des autres, et aussi décrypter nos ressentis, exprimer nos besoins afin de les nourrir. Le coach est aidant dans cette découverte de soi-même, pour trouver la place qui est la sienne dans le collectif. Comprendre ce qui se joue, interagir dans le respect, soigner les relations, créer et innover….
Ce système en mutation promet d’être demain plus collaboratif, plus respectueux de l’altérité, de l’être humain. C’est un nouveau défi pour l’entreprise qui doit repenser son organisation sur des valeurs plus éthiques et plus humaines.
« L’enfer, c’est les autres ! » de Sartre semble à des Années-lumière….
*Cette histoire est attribuée à Rabbi Haïm de Romshishok, et fut reprise par diverses cultures et folklores du monde entier.
Excellente histoire qui illustre bien le besoin d’inter relations! je la connaissais, elle est vraiment merveilleuse!
Merci Isabelle !