Etonnant.
L’inégalité de rémunération entre Hommes et Femmes ne serait pas due uniquement au machisme ambiant dans le monde de l’entreprise, comme certains le pensaient depuis bien longtemps… mais bien à mettre sur le dos des femmes elles-mêmes, qui adopteraient un comportement « timoré » lorsqu’il s’agit de négocier leur salaire.
Je coache une jeune diplômée qui vient de décrocher un poste de coordinatrice de secrétariats dans un CHU. Toute son attention et son énergie se sont focalisées d’abord sur les entretiens d’embauche, puis sur son adaptation au poste. A peine un mois plus tard, elle me confie qu’au vu des responsabilités et de l’investissement fourni, elle regrette de ne pas avoir négocié son salaire.
« Je n’ai pas osé…! » dit elle. « Et je n’ose toujours pas aborder le sujet alors que j’ai eu maintes fois l’occasion de le faire. »
Voyons cela d’un peu plus près :
En effet, de nombreuses études américaines et européennes font émerger un écart moyen important entre les deux sexes en matière d’acceptation d’une rémunération proposée, dans le cas d’un premier emploi, à diplôme égal (7% des femmes seulement contre 57% des hommes ont négocié).
Les hommes obtiennent plus dès l’embauche. Pour les femmes, les écarts de rémunération se creusent encore au fur et à mesure du temps, faute de demander régulièrement des augmentations.
Une autre observation attire l’attention : L’aversion d’une majorité de femmes à négocier est d’autant plus grande quand la négociation doit avoir lieu avec un homme.
J’ai bien sûr posé la question à ma coachée ; Est-ce un homme ou une femme cette personne avec qui vous n’osez pas négocier ?
Dans le mille, la réponse est un homme !
La psychologue Fiona Greig observe que « les femmes, tout comme les hommes, n’ont aucune difficulté à négocier avec des clients, mais éprouvent plus de réticence à négocier avec leurs collègues ou leurs supérieurs »
Ainsi, les capacités de négociation ne font pas défaut aux femmes lorsqu’il s’agit de défendre l’intérêt de l’entreprise. Dans une démarche collectiviste et coopérative, elles sont tout aussi performantes que les hommes. Les hommes eux seraient de façon automatique, plus enclins à négocier pour défendre leurs intérêts personnels.
Ces études montrent que ces tendances se retrouvent en dehors de la sphère professionnelle. Dans le couple par exemple, plus de femmes sacrifient leurs carrières pour suivre leur conjoint ou élever les enfants…
Une femme qui négocie est généralement mal perçue dans l’entreprise, alors que l’on attend d’un homme qu’il négocie, montrant ainsi son désir de compétition.
Pour expliquer les difficultés des femmes à négocier, voici ce que Nicolas Guéguen, directeur du LESTIC à Vannes résume:
- Les femmes demandent en moyenne un salaire inférieur aux hommes pour une même qualification
- Lorsqu’une rémunération est proposée par l’employeur, elles l’acceptent souvent sans discuter
- Plusieurs facteurs sont en cause : Peur de provoquer un conflit à l’intérieur de l’entreprise, timidité face à un supérieur hiérarchique masculin, attitude globalement négative de la société vis à vis des femmes qui contestent.
QUE FAIRE ?
Il est bon de prendre conscience de ce double processus :
– celui qui vient des femmes elles-mêmes et qui les freine pour réclamer plus d’équité salariale,
– celui qui vient des autres, apposant un regard réprobateur sur leur légitime besoin d’égalité en matière de rémunération.
Pour en revenir à ma jeune diplômée, le fait est que le sujet est retombé comme un « soufflé ». En creusant un peu autour du mot « négociation » et les représentations qu’elle s’en fait, elle a glissé rapidement vers une autre problématique plus urgente à ses yeux : Comment réussir à souder l’équipe d’un service administratif dont elle a la charge.
Si ce n’est pas un sujet d’intérêt collectif, ça !
Alors, sujet non prioritaire ou sujet tabou ?
C’est complètement vrai! Bravo de le souligner et d’apporter une réflexion et même un début de solution à ce problème récurrent et globalement accepté à tort !
Beau sujet en effet que celui de l’égalité…ou plutôt de l’équité dans le traitement et dans le respects de nos différences mutuelles.