En théorie, tout est beau tout est rose. L’entretien professionnel n’est-il pas un excellent prétexte pour ouvrir un dialogue constructif, gagnant-gagnant, entre Direction et Salariés ?
OUI si un climat de confiance existe déjà, le dialogue permet alors de s’exprimer de part et d’autre.
Je suis dirigeant(e), j’ai une vision et des perspectives de développement pour mon entreprise. Il me paraît évident d’offrir à mes collaborateurs la possibilité d’évoluer au sein de l’entreprise, s’ils en ont les compétences et l’envie. Je sais qu’une meilleure performance passe par la montée en compétences de mes équipes.
Je suis salarié(e) , je souhaite accroître ma performance au travail, prendre des responsabilités, optimiser mes talents dans un contexte favorable.
NON lorsque la communication entre le chef d’entreprise et ses collaborateurs est unilatérale ou insatisfaisante. Dans ce cas, l’entretien professionnel ne peut résoudre d’un coup de baguette magique le clivage Patron/Employés.
Lors de différentes actions de Formation sur ce thème, j’ai constaté une grande résistance de la part de certains patrons face à la mise en œuvre de cette nouvelle loi.
Je souligne que ces chefs d’entreprise, en venant assister à une formation, montraient toutefois une volonté d’être convaincus du bien fondé de ce dispositif, tout en opposant toutes sortes de bonnes raisons de ne pas l’appliquer.
- Il ou elle va me demander une augmentation de salaire !
- Je n’ai pas de poste évolutif à proposer !
- Ca va être le mur des lamentations !
- Je vais être obligé de donner des solutions, des réponses, de m’engager !
- Je préfère ne pas en savoir trop sur ce que mes salariés espèrent. Leurs vies ne me regardent pas …
Pour nombre de dirigeants, c’est ouvrir le couvercle de la boite de Pandore.
UN STRESS PARTAGÉ …
Certains dirigeants rapportent une montée en flèche du niveau de stress des salariés en présence du terme « Entretien ».
Les salariés associent « Entretien » à d’autres situations vécues dans l’entreprise ou ailleurs. Bonne ou mauvaise association d’idées ?
Pour le savoir, faites le test et posez la question suivante à vos collaborateurs : Quand vous entendez « entretien », vous pensez à quoi ?
Entretien d’évaluation ? (beaucoup de managers associent Entretien Professionnel et Entretien d’Evaluation Annuel) Entretien de licenciement ?
Alors, connotation agréable ou désagréable ?
Si ce stress est palpable dès la convocation, et à plus forte raison au début de l’entretien, comment instaurer un climat de confiance, d’écoute, de dialogue.
D’autant plus que le stress semble contagieux. Le dirigeant n’est pas forcément très à l’aise avec cette mesure. Beaucoup d’inquiétudes émergent autour de cette obligation légale.
Certains chefs d’entreprise optent pour le rebaptiser afin d’éviter toute connotation d’évaluation ou de sanction. Pourquoi ne pas l’appeler Echange Professionnel, après tout ?
Pour appliquer une loi, quelle qu’elle soit , il est sage de sonder le terrain d’atterrissage. Un crash est vite arrivé… surtout lorsque le terrain est explosif.
Dans ces situations professionnelles de communication imposée, quels pourraient être les « préalables » pour que le ce dispositif profite au maximum à tous ?
Instaurer la confiance : quel exercice délicat !
Je suis manager depuis de longues années et, effectivement, l’entretien est ce moment de vérité au cours duquel chacun peut proposer à l’autre sa vision d’une année de travail, d’événements, de situations vécues.
Encore faut-il créer les conditions d’une expression la plus libre possible et cette condition s’appelle la confiance. Pourtant, ce n’est pas à ce seul moment qu’elle se décrète, mais bien dans la relation de travail au quotidien.
Comment tenir compte de ce que mon collaborateur me renvoie, le conjuguer avec mes propres ressentis ; rester moi-même, tout en acceptant de remettre en question mes pratiques et identifier mes limites ou mes blocages ?
Je crois sincèrement que c’est à moi, manager, d’instaurer une relation de confiance en allant régulièrement « m’asseoir sur la chaise de l’autre », en restant transparente (arrêtons la langue de bois et les discours convenus auxquels plus personne ne croit), en donnant un cadre et de l’autonomie à l’intérieur de ce cadre (une partie de la vérité appartient à ceux qui font).
Je n’ai que très rarement rencontré de mauvais managers ou de mauvais collaborateurs ; juste des hommes et des femmes qui agissent au mieux avec ce qu’ils sont et qui ont à coeur de bien faire.
A l’heure de la rentabilité, ne perdons pas de vue que les relations que l’on tisse dans nos entreprises sont une des clés de la performance. N’hésitons pas à nous faire accompagner ; un regard extérieur peut débloquer bien des situations.